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- Lutte ouvrière n°2989
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Dans les entreprises
Iveco Bus – Annonay : champion du chaos
Le PDG d’Iveco à Annonay, dans l’Ardèche, a eu droit à un article dans le journal Le Monde après l’annonce d’une commande de 4 000 bus par la région Île-de-France et d’un investissement de plus de 400 millions d’euros réalisé « sans avoir demandé aucune aide de l’État ».
Qu’une entreprise privée de la taille d’Iveco, qui vient d’être rachetée à la riche famille Agnelli par le géant indien Tata, investisse avec ses propres capitaux pour réaliser des profits serait dans l’ordre des choses. Mais c’est un mensonge même s’il est difficilement vérifiable puisqu’aucun chiffre n’est public. En réalité, l’entreprise vit grâce aux commandes des collectivités locales, raflant à elle seule la moitié du marché. Pour garantir que les carnets de commandes se remplissent, l’État verse entre 40 000 et 80 000 euros pour chaque bus acheté, sommes qui finissent dans les coffres d’Iveco. C’est bien une aide de l’État.
Tandis que les actionnaires empochent l’argent, dans l’usine c’est le chaos. Il y a un an, pour produire les bus électriques, la direction a décidé de doubler la production à marche forcée en investissant le moins possible. Tout a été rogné : la formation des centaines de travailleurs intérimaires embauchés, la sécurité et jusqu’aux parkings, qui sont insuffisants. Résultat, la production ne suit pas.
Dans les ateliers, les ouvriers courent après les pièces manquantes, certains fournisseurs menacent de ne plus livrer car Iveco ne les paye pas. Les bus sortent en pièces détachées, certains tombent en panne à la sortie de l’usine, d’autres doivent être expédiés sur des remorques. Pour terminer les centaines de bus incomplets qui s’accumulent, la direction a mis en place des équipes de choc composées d’ouvriers sous-traitants italiens qu’elle fait travailler de 7 heures à 23 heures et souvent sept jours sur sept ! Toutes les semaines, des travailleurs se blessent et défilent aux urgences de l’hôpital.
Entre les discours triomphants relayés par la presse et la réalité il y a un monde. La désorganisation dans l’usine n’est pas due à l’incompétence des patrons, mais à leur volonté de produire coûte que coûte en passant en force. Les patrons sont à l’offensive, mais ils n’ont jamais autant besoin des ouvriers que lorsque les carnets de commandes sont pleins. Une minorité dans l’usine en est consciente.