Prisonniers palestiniens : “On sort de l’enfer !”22/10/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/10/une_2986-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Prisonniers palestiniens : “On sort de l’enfer !”

Les témoignages des 1 968 prisonniers palestiniens libérés, dans le cadre du plan Trump pour Gaza, confirment combien les privations, la torture et les humiliations sont érigées en système dans les prisons israéliennes.

Même libérés, beaucoup des ex-détenus Palestiniens se taisent car le Shin Beth, la sécurité intérieure israélienne qui a tout pouvoir, y compris en Cisjordanie, les a menacés de représailles s’ils décrivent leurs conditions de détention. Mais tous les témoignages concordent, corroborés par l’état physique des prisonniers libérés. « Pendant deux ans, j’ai eu faim, explique l’un d’eux, pas de sucre, pas de sel, ils nous donnaient juste de quoi nous maintenir en vie. » « Ils nous donnaient deux morceaux de pain sec, parfois une cuillère de yaourt, un légume abîmé. » Les prisonniers flottent dans des vêtements trop larges. Beaucoup ont perdu 35 ou 40 kg.

Les coups en détention sont quotidiens. Un médecin de Gaza, arrêté en janvier 2024, raconte : « La torture était notre pain quotidien. On pouvait rester des journées entières menottés, yeux bandés, maintenus dans des positions douloureuses pendant des heures. » À chaque transfert de prison, voire de cellule, les prisonniers sont dénudés de longues heures et battus : « Chaque fois qu’on nous demandait de sortir de cellule ou qu’on nous déplaçait, ils nous frappaient avec des matraques, ou des barres. C’était notre lot quotidien. » Depuis deux ans, 77 prisonniers sont morts sous la torture ou des suites du manque de soins ou de nourriture. Les conditions de détention, déjà très dures, se sont encore dégradées avec l’arrivée du sioniste d’extrême droite Itamar Ben Gvir à la tête du ministère de la Sécurité intérieure, qui se vante d’avoir réduit les portions de nourriture.

Depuis 1967, un Palestinien sur trois a été arrêté par Israël au cours de sa vie. Si 1 968 prisonniers ont été libérés en échange des derniers otages israéliens détenus à Gaza, ils seraient encore entre 8 000 et 10 000 à croupir dans les prisons d’Israël. Certains ont été condamnés par un tribunal, à des décennies de prison ou à la perpétuité, pour des actes précis, certains parce qu’ils ont participé à l’Intifada des années 2000. Mais la majorité sont arrêtés et placés en détention administrative, sans procès ni jugement, sans limite de temps, selon une procédure héritée du mandat colonial britannique. La détention administrative est utilisée pour détruire la société palestinienne, briser des familles. Sur 250 Palestiniens qui viennent d’être libérés après avoir passé 15 à 25 ans en prison, seulement 88 ont été autorisés à rejoindre leurs familles à Gaza, les autres ont été expulsés vers l’Égypte ou un autre pays, sans doute pour la vie.

Torture, privations, déshumanisation, déportation : voilà les méthodes systématiques d’un État colonial qui opprime tout un peuple avec la complicité active des dirigeants impérialistes, prêts à traiter d’antisémites tous ceux qui dénoncent la dictature exercée sur les Palestiniens.

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